Rapport concernant l'ecole supérieur d'art de clermont métropole (ESACM)

localisation : 45° 46′ 06″ N 3° 05′ 15″ E

Référence
F/7/13424-F/7/13434

Niveau de description
fonds

Intitulé
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Date(s) extrême(s)
2021

Nom du producteur
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Localisation physique
Clermont-Ferrand
L'Ecole supérieure d'art de Clermont-Ferrand a été créée il y a plus de deux siècles. En 2010, au moment de sa constitution en établissement public de coopération culturelle (EPCC), elle a pris le nom d'Ecole supérieure d'art de Clermont Métropole (ESACM) marquant ainsi le passage à son autonomie administrative. L’école est placée sous la tutelle pédagogique du ministère de la culture et de la communication dont elle suit la réglementation pour l'organisation des études.
L’ESACM propose une formation généraliste en art conduisant l’étudiant à se constituer en tant qu’artiste ou auteur. A l’issue de son parcours, il aura acquis les compétences essentielles (méthodologie par l’analyse, mise en critique des situations, ouverture nécessaire à la transversalité et à la pluridisciplinarité des pratiques) lui permettant de mettre en place un projet artistique personnel, original et ouvert. Le champ de références de la formation est celui de l’art contemporain, des formes les plus ancrées dans l’histoire aux expériences les plus prospectives.
Le cursus d’études embrasse un spectre large : peinture, dessin, arts imprimés, volume, photographie mais aussi pratiques numériques, écriture, performance, spectacle vivant, musique et son. A travers la constitution de savoirs choisis, les étudiants acquièrent une liberté de pensée et d’acte ainsi que la capacité à faire évoluer leur projet plastique, théorique et critique de manière autonome au sein des champs et des réseaux professionnels de l’art contemporain.
La formation conduit à l’obtention de deux diplômes d’Etat : le DNAP (Diplôme national d’arts plastiques) ou phase programme, délivré à l’issue d’un 1er cycle de trois ans, qui deviendra le DNA (Diplôme national d’art) en 2017-2018 et le DNSEP (Diplôme national supérieur d’expression plastique) option art ou phase projet, délivré à l’issue d’un 2ème cycle de deux ans.
L’école a mis en œuvre un 3ème cycle ou phase recherche, la « coopérative de recherche », validé par un DSRA (Diplôme supérieur de recherche en art). L’arborescence de la formation regroupe également les pratiques amateurs et les formations continues des enseignants en arts plastiques organisées par le rectorat et conduites par des artistes diplômés de l'ESACM.
Le projet d’établissement est traversé par une pensée politique exigeante qui articule une pédagogie par le projet du plus haut niveau à ses missions de service public.
Objectifs de la formation et modalités pédagogiques
Le programme pédagogique est conçu comme un ensemble entremêlant pratique et théorie, recherche et vie professionnelle. On observe une fluidité des rapports entre ces différents aspects de l'enseignement, allant de pair avec la clarté de l'emploi du temps. La pédagogie est progressive et individualisée, structurée par le projet, avançant par l’expérience et l’expérimentation. Elle est portée par une certaine culture du collectif.
L’articulation entre le 1er et le 2ème cycle est lisible, les étudiants passant de la phase programme (combinaison d’acquisitions fondamentales et transversales encadrées) à la phase projet (mise en œuvre du projet personnel dans un suivi pédagogique individualisé, adossement des formats d’enseignements à la recherche). L’articulation entre les deux années du 2ème cycle est forte et la progressivité des enseignements est réelle. Le tronc commun (1ère et 2ème années du 2ème cycle) est composé de cours et de séminaires. On note différents types de formats pédagogiques : cours magistral, séminaire, travail dirigé, visite d’atelier, entretien individuel, travail en laboratoire, atelier de recherche et de création. Le parcours s’individualise sur certains choix d’ateliers ou de cours. Ceux-ci sont obligatoires en 1ère année et optionnels en 2ème. La formation est également marquée par les mobilités (résidences, séjours d’études à l’étranger, stages) ainsi que par la possibilité, en 1ère année de 2ème cycle, de participer aux programmes de la « coopérative de recherche » (dispositif d’accueil pour des résidents-chercheurs, artistes et théoriciens).
Le cursus d’études est semestrialisé et parfaitement inscrit dans le système LMD (licence-master-doctorat). Il se découpe en unités d’enseignement (UE) validées par des crédits européens. Celles-ci sont détaillées dans le livret de l’étudiant précisant les objectifs du cours, la méthode, le contenu et les modalités d’évaluation.
La semaine type est de 40 heures en présentiel. Hors ce temps de travail, les étudiants accèdent librement aux ateliers pour travailler de manière indépendante. Le volume horaire global est quasiment le même sur les deux années du cursus (1128 heures en 1ère année et 1210 heures en 2ème). Seules les proportions entre les enseignements pratiques, théoriques et de préparation à la vie professionnelle varient.
Un certain nombre de dispositifs d’enseignement sont mutualisés et traversent les trois cycles d’études de l’école (associant phase programme, phase projet, phase recherche). Ils sont parfois mis en place avec d’autres établissements d’enseignement supérieur artistique (dans le cadre de l’association des écoles de Rhône Alpes Auvergne, par exemple) ou avec des formations supérieures (par exemple, cours théoriques donnés à l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand au sein du master Action culturelle). Ces mutualisations enrichissent considérablement l’offre de formation.
Toutes les aptitudes nécessaires à la professionnalisation des étudiants sont apportées. La capacité en langue anglaise est certifiée par le passage du diplôme de compétence en langue anglaise. Les compétences numériques sont acquises au sein du « Protolab » (plateforme collaborative liés à l’environnement et à la production numérique). Les stages sont bien intégrés à la formation. Le projet de l’étudiant se prépare en amont et il est sérieusement encadré par un coordinateur et un tuteur de stage.
Un séminaire de préparation à la vie professionnelle est organisé avec des juristes, des fiscalistes et des professionnels du monde de l’art (galeristes, critiques d’art, commissaires d’exposition). Cette formation se double également de compétences additionnelles. Les étudiants peuvent ainsi bénéficier d’enseignements en droit et gestion du domaine culturel ainsi qu’en législation sur les droits d’image et d’auteurs.
Certains étudiants sont moniteurs d’ateliers techniques. Cette fonction contribue à une professionnalisation élargie par l’acquisition de compétences techniques, de compétences d’encadrement ou d’aptitudes à la transmission.
L’accès au 2ème cycle est soumis à une audition devant un jury conforme à la réglementation en vigueur. Le recrutement interne a lieu à la fin de la 3ème année du 1er cycle. Cette même commission recrute sur équivalence les diplômés de 1er cycle d’autres écoles d’art ou de design, françaises ou étrangères. Certains étudiants viennent de l’université ou de l'enseignement supérieur hors université.
● Positionnement de la formation dans l’environnement scientifique et socio-économico-culturel
L’école témoigne d’un très bon ancrage institutionnel. Elle fait partie du Conseil de l’enseignement supérieur et de la recherche d’Auvergne (CESRA) et est associée aux débats du Conseil des écoles associés (CEA). Elle a noué des liens structurants avec l’Université Blaise Pascal, l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand et l’ensemble des établissements d’enseignement au travers d’une convention cadre ouvrant sur des coopérations. L’ESACM fait également partie du réseau des cinq écoles d’art en région Rhône-Alpes Auvergne (association Adéra) avec lesquelles elle mène des projets communs de tous ordres et mutualise des financements pour des projets, des expositions et des éditions. Enfin, elle consolide ses coopérations avec des établissements sur le territoire national, élargi à l’international
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(Haute école d’art et de design de Genève, département art de la Oxford Brookes University, Université́ du Québec à Montréal, etc.).
Au niveau strictement local, l’ESACM a noué des partenariats avec l’ensemble des acteurs culturels clermontois (Fonds régional d’art contemporain, Tôlerie, Hôtel de Fontfreyde, Comédie-Scène nationale, In extenso, festivals Vidéoformes, Traces de vies, Musiques démesurées, Festival du court-métrage). Ces partenariats d’une grande diversité génèrent des invitations croisées, des projets, des propositions de stages et des workshops communs. Des collaborations spécifiques et pérennes ont été nouées avec des centres d’art pour les expositions annuelles des jeunes diplômés (Centre d’art du Creux de l’enfer à Thiers, Abbaye Saint André à Meymac). L’école collabore aussi avec les centres d’art de Pougues-les-Eaux, de Vassivière ou encore avec la « Passerelle » de Brest, le temps de workshops in situ avec des présentations publiques. Ces expériences contribuent à donner aux étudiants le réflexe et les moyens d'aller à la rencontre du monde professionnel.
Enfin, la ville de Clermont-Ferrand est historiquement marquée par la présence de l’entreprise Michelin. L’ESACM a noué un lien fort avec l’entreprise qui, à travers sa fondation, finance des bourses pour les étudiants et des projets. Ce partenariat donne lieu à un programme de recherche ouvrant sur la production de films.
Depuis 2010, deux axes de recherche ont été dégagés autour des notions de paysage et de travail. Ces axes se déclinent en plusieurs programmes de recherche développés sur deux ou trois années (« Robinson / Vendredi - Exploring Robinson », « Un film infini », « L’intercalaire »). Ils sont abrités au sein d’une originale « coopérative de recherche ». Cette coopérative réunit une équipe constituée d’enseignants chercheurs de l’ESACM, de chercheurs associés, de partenaires institutionnels et d’entreprises. Un DSRA, du niveau d’un 3ème cycle, a été mis en place en son sein. Les restitutions publiques des travaux en cours, le projet éditorial et les publications sont de qualité. La porosité entre la formation et la recherche est bien construite. La « coopérative de recherche » propose des conférences, des journées d’études ou des colloques avec fréquence, en adéquation avec les enjeux de la formation. Elle associe à ses travaux, avec pertinence, certains étudiants de 2ème cycle.
La 1ère année du 2ème cycle est marquée par un engagement croissant dans le travail du mémoire et de son écriture. Les approches théoriques (cours pour tous, points de convergences, etc.) contribuent à nourrir les recherches plastiques de l’étudiant. Le suivi est à la fois collectif (séminaire) et individualisé (tutorat du projet de mémoire effectué conjointement par un théoricien et un plasticien), ce qui constitue un encadrement très structurant.
Outre les mutualisations citées plus haut, l'ESACM développe un certain nombre de liens avec des universités. Des projets sont ainsi mis en place avec les laboratoires et l'UFR (unité de formation et de recherche) Lettres, langues et sciences humaines de l'Université Blaise Pascal et avec l’Université de Paris X-Nanterre pour les journées de séminaires « Cracking perspectives » tenues en 2013 et 2015. L'école doctorale Lettres, sciences humaines et sociales de l'Université Blaise Pascal offre la possibilité d’accueillir de jeunes doctorants en cotutelle.
Les échanges internationaux sont un des moteurs du nouveau projet d’établissement. De nombreux partenariats sont signés entre l’ESACM et des écoles d’art, ils permettent aux étudiants de faire l’expérience d’un semestre d’études à l’étranger. A ce jour, l’ESACM dispose de 23 établissements/structures partenaires : 14 au titre d’Erasmus et 9 partenariats hors Union Européenne. L’attention est surtout portée au développement des séjours d’études proposés en 2ème cycle. Trois résidences existent déjà : à New-York, Cotonou et Tbilissi, d’autres sont à venir en Chine et au Moyen Orient. La mobilité des enseignants et du personnel de l’école est également mise en place. Cette mobilité prend la forme de workshops, de programme d’interventions ou de formations au sein des établissements partenaires.
● Insertion professionnelle et poursuite d’études
L’effectif du 2ème cycle est d’environ 40 élèves, ce qui est modeste, mais peut s’expliquer par le peu d’attractivité de la région Auvergne et la concurrence d’écoles d’art relativement proches (Saint-Etienne, Lyon). Le recrutement en 1ère année, exclusivement réalisé en interne en 2013, s’est progressivement élargi. En 2015, 11 % des étudiants venaient d’écoles françaises et 16 % d’écoles étrangères. L’attractivité de l'école en dehors de son bassin géographique progresse. Cela est à rapprocher sans aucun doute de l’effort accompli par l’établissement pour affirmer son positionnement (identité de la formation et des programmes de recherche, structuration des cursus, capacité d’encadrement et d’accompagnement). Depuis trois ans, on observe que la communication a été améliorée en direction des étudiants étrangers (un grand nombre d’information en anglais figure sur le site internet). Cela contribue à attirer davantage ceux qui souhaiteraient faire un semestre d’études à l’ESACM.
Le taux de réussite au diplôme est de 100 %. Les résultats sont très satisfaisants puisque plus de la moitié des diplômés le sont avec félicitations ou avec mention.
L’analyse du devenir des diplômés repose sur une base comprenant 168 diplômés depuis 1999, soit un taux de réponse global de 67 %. Il est intéressant de constater qu’un an après l’obtention du DNSEP, 67 % des diplômés ont obtenu leur 1er emploi. Cela recouvre des réalités très différentes. Il peut s’agir d’une activité à temps complet ou
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partiel, plus ou moins rémunératrice, souvent associée à des activités secondaires, apportant un complément de revenus (pour 55 % des diplômés).
Notons par ailleurs que si la majorité des étudiants arrêtent leurs études après l’obtention du DNSEP, 36 % ont effectué des formations complémentaires (3ème cycle, post-diplôme, préparation au concours de l’agrégation ou du CAPES, formation spécifique en art thérapie ou en gestion de projet culturel). La poursuite d’études en 3ème cycle est un phénomène récent (2 % des diplômés sont concernés). L’inscription professionnelle peut s’évaluer au vu des conditions d’exercice (atelier, rattachement à un organisme professionnel) mais aussi de l’intensité de l’activité artistique (expositions, publications, résidences, bourses, acquisitions). Au final, 95 % des actifs le sont dans le champ visé par la formation. Ces résultats sont ainsi comparables à ceux d’écoles beaucoup plus prestigieuses. Il faut saluer le sérieux de l’enquête et la grande précision de l’analyse des résultats collectés.
● Pilotage de la formation
L’ESACM revendique son choix d’une équipe pédagogique commune aux deux cycles d’études, en en faisant un élément essentiel de collégialité et de transversalité. Ce choix est rendu possible par la taille de l’établissement (19 enseignants, dont 16 en équivalent temps plein, environ 150 étudiants sur les 3 cycles, 40 étudiants pour le 2ème cycle). Les enseignants sont tous des professionnels du champ de l’art contemporain en activité : artistes, théoriciens, critiques d’art, professionnels des institutions artistiques. L’équipe pédagogique s’est largement renouvelée depuis 2010. Les rôles et fonctions de l’équipe administrative sont bien définis.
L’évaluation du travail des étudiants repose sur un équilibre entre contrôle continu et collégialité. Cette évaluation est autant quantitative que qualitative et s’appuie sur le système européen des crédits. Ces crédits sont assortis d’une note locale échelonnée de 0 à 20 et complétés par une appréciation. Ces modalités sont rappelées dans le règlement des études qui figure dans le livret de l’étudiant. Les diplômes sont soutenus devant un jury de professionnels hautement qualifiés, ce qui témoigne de la qualité et de la reconnaissance croissante de la formation à l’échelle nationale.
Aux modes informels d’évaluation des enseignements par les étudiants (retours spontanés, échanges libres), s’ajoutent des modes plus formalisés : assemblées générales (temps d’information, de critiques, d’idées) et « repas d’évaluation » (espaces de débats). Les dispositifs (enquêtes sur les enseignements, le fonctionnement de l’établissement et sur le parcours des diplômés) de méthodologie et de philosophie différentes, sont mis en place et permettent de multiplier les approches. Le travail de perfectionnement de la formation s’appuie également sur les instances consultatives de l’établissement, chacune ayant un périmètre de travail bien défini (commissions pédagogiques mensuelles, journées pédagogiques, commission recherche mensuelle, conseil scientifique, pédagogique et de la vie étudiante). Même si elle rejette l’idée d’une réponse systématique aux critiques négatives des étudiants, l’école fait preuve de réactivité dans la conduite de son projet. Les difficultés rencontrées sont travaillées, le plus souvent collectivement, et remédiées. Ce travail de longue haleine est soutenu par une gouvernance participative et collégiale.
Les recommandations principales du HCERES portaient sur l’articulation entre le 1er et le 2ème cycle ainsi que sur l’adossement à la recherche. Ces deux points ont été largement améliorés et font désormais partie des points forts de l’ESACM.
Le dossier transmis par l’établissement est d’excellente qualité, y compris dans sa présentation graphique. Il est complet et largement augmenté d’annexes et de documents (éditions). Le supplément au diplôme est très bien renseigné.